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Les incendies se sont multipliés cette année dans les décharges et les sites de recyclage. Les recycleurs alertent sur le problème croissant des déchets d'équipements contenant des batteries lithium-ion, qui dégagent de l'hydrogène au contact de l'eau, d'où les départs de feu !

Le monde du recyclage est en feu et les batteries lithium-ion sont pointées du doigt. « Les recycleurs constatent une augmentation considérable du nombre d’incendies sur des installations de traitement et de recyclage des déchets », s’alarme Federec, l’association des entreprises de recyclage, en soulignant « les conséquences lourdes de cette sinistralité : perte des bâtiments et des machines, arrêts de production, risque humain, grandes difficultés à faire assurer les installations, sanctions administratives ».

L’association voit trois causes à l’actuelle recrudescence d’incendies. Tout d’abord, un temps de stockage plus long des déchets depuis les restrictions apportées à leur exportation hors d’Europe, ainsi que l’augmentation des températures l’été, qu’évoque l’incendie spontané intervenu sur le site d’enfouissement de la Semardel en juin à Vert-le-Grand (Essonne). Mais la troisième raison est la principale : l’arrivée croissante de déchets d’équipements contenant des piles et batteries au lithium. Avant, il n’y en avait que dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Désormais, il y en a partout, des vélos aux brosses à dents en passant par les clés de voiture.

Un incendie par jour

Les conditions de stockage et d’acheminement des déchets peuvent endommager les batteries, et les fendre. Or « le lithium est un élément très inflammable, réagissant aux chocs et au contact avec l’eau », souligne Federec. Au contact de l’eau, le lithium dégage de l’hydrogène. D’où des départs de feux lors d’un été pluvieux en France.

Cette année, « il ne se passe plus un jour sans notification d’un incendie, et partout en Europe les recycleurs font le même constat », témoigne Olivier François, président de la commission internationale de Federec. Même en l’absence de statistiques nationales, il estime que les cas dépassent cette année la centaine.

Le Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) « recense autant d’accidents en l’espace de trois ans (2016-2019) que sur les quinze ans depuis l’arrivée sur le marché en 1991 » des batteries lithium-ion, souligne Federec et « la situation devient ingérable pour les recycleurs, des assureurs refusent désormais d’assurer les sites », prévient le président de Federec, François Excoffier.

Courrier à Matignon

L’association a préparé un courrier au Premier ministre. « On a mis sur le marché des bombes incendiaires et puisqu’il est impossible d’éviter les batteries lithium-ion, les préfets doivent se saisir du sujet, nos sites être inscrits comme sites prioritaires et les pompiers doivent se familiariser avec nos installations, afin que les départs de feux y soient éteints plus rapidement qu’aujourd’hui », poursuit Olivier François. *

L’autre axe d’action est d’informer le grand public du danger du lithium et des points de collecte adaptés. Reste la question récurrente de l’écoconception des équipements. Même les dynamos de phares de vélo sont aujourd’hui souvent remplacées par une alimentation au lithium-ion, alors que les dynamos donnaient satisfaction depuis des décennies. Les industriels ne font pas assez d’écoconception et le sujet est au coeur de la plupart des problèmes du secteur du recyclage.